Pourquoi

Tout le monde déteste la pub. Mais pourquoi?

Il y a les nombreux clichés sexistes, classistes et racistes qui sont véhiculés, ou bien l’enlaidissement des espaces publics. Il y a également l’impact environnemental. Enfin, comme projet de société, il est complètement absurde de voir s’étaler en grand des messages capitalistes et consuméristes alors que tout le monde sait que nous sommes en train d’épuiser les ressources de la planète. Bref, les raisons de s’attaquer à la pub sont tellement nombreuses qu’il est dur d’en choisir une. Ci-dessous, une liste pas très exhaustive avec quelques arguments.

La pub nuit à l’environnement

Les dispositifs publicitaires engendrent une consommation d’énergie et génèrent une pollution lumineuse indéniable via un éclairage permanent ou nocturne. Ce phénomène est décuplé dans le cas des écrans LED.
En outre, les campagnes publicitaires de masse encouragent quasi exclusivement des comportements qui tendent à la surconsommation et au gaspillage. Même lorsqu’elles utilisent le langage du développement durable, elles ne cherchent en réalité qu’à nous faire acheter davantage. Il ne s’agit pas d’un jugement de valeur, mais d’un mécanisme intrinsèque au média publicitaire : il existe pour pousser à la consommation.

La pub nuit à la santé

Diverses études démontrent que la publicité a des effets néfastes sur la santé, tant physique que mentale : stress, obésité, anorexie, angoisse… La publicité s’insinue dans notre quotidien au point d’être qualifiée de véritable matraquage : TV, radio, téléphone, internet, Bluetooth, matériel horeca, autobus et métro emballés, sacs, vêtements, affichage sauvage, panneaux lumineux et déroulant, voire animés, bâches et écrans géants…

Dans notre société, chaque personne serait exposée quotidiennement à plus de mille publicités (1.200 à 2.200 publicités en moyenne). L’exposition constante aux messages publicitaires sur-stimule notre activité neurologique, nous épuise, nous angoisse et nous rend malades. Les enfants et les adolescents, plus vulnérables car leur système nerveux est encore en développement, représentent une cible de choix pour les annonceurs dont certains n’hésitent pas à proposer aux marques une formule garantissant un affichage à moins de 100 mètres d’un lieu fréquenté par le jeune public”.

La pub met en péril la sécurité des usagers

Les panneaux publicitaires sont installés de manière à maximiser la visibilité des annonces qui y sont diffusées, souvent au détriment du confort des usagers. Ils encombrent les trottoirs en gênant la mobilité des piétons, particulièrement des personnes à mobilité réduite ou des poussettes.

La sécurité des usagers de la route est également mise en danger. Que l’on soit piéton, cycliste, motard ou automobiliste, lorsque notre champ de vision est obstrué ou lorsque notre regard est attiré par un écran lumineux vidéo, le risque d’accident augmente. Le sentiment d’insécurité du public lié au manque de visibilité s’accroît également.

La pub encombre et enlaidit la ville

Le mobilier proposé par les entreprises publicitaires est standardisé en plus d’être inconfortable. N’est-il pas préférable d’avoir un mobilier urbain qui remplit véritablement sa mission de service public, qui est pensé par et pour les habitants afin de favoriser la convivialité et inviter à la rencontre ?
Les publicités occupent le champ visuel et détournent le regard de la réalité sociale, esthétique et architecturale d’une ville. La promulgation de la « Loi Ville Propre » en 2016 à Sao Paulo a permis à ses habitants de redécouvrir leur ville.

À qui et combien rapporte la publicité ?

La contribution de la publicité aux finances communales est souvent l’argument ultime d’un Collège pour justifier ses contrats avec des publicitaires. Il est indéniable que les montants en jeu sont imposants en termes absolus. Toutefois, il convient de rapporter ces montants à l’ensemble du budget d’une Ville et des coûts sociaux de la publicité.

Or, la publicité produit des externalités négatives (c’est-à-dire qu’elle a des répercussions directes ou indirectes, volontaires ou involontaires sur la société) dont le coût pour la collectivité est plus important que la valeur qu’elle crée. Une étude britannique a évalué que pour 1 £ de valeur créée par la publicité, celle-ci détruisait 11,5 £ de valeur. En d’autres termes, quel que soit le montant perçu par la ville pour un contrat publicitaire, le coût des répercussions (environnementales, sociales, sanitaires, de développement local etc…) est onze fois supérieur.

Le fait que les pouvoirs publics ne peuvent pas prendre en considération ces éléments à leur juste mesure et que l’argument économique soit l’unique justification constituent un véritable problème démocratique. Les contrats de mobilier urbain constituent une forme de privatisation de services publics. Il appartient aux forces politiques de bonne volonté d’envisager la suppression de la publicité à la fois comme une remise en cause des mesures d’austérité mais également de prendre au sérieux les alternatives possibles à l’intérieur du cadre budgétaire prédéfini. La ville de Grenoble a montré en 2014 que l’abandon des revenus publicitaires implique un examen sérieux des options disponibles pour en modérer l’impact. Dans ce cas précis, le manque à gagner a pu être compensé en réduisant les dépenses de protocole et en supprimant les voitures de fonction de certains élus.

Enjeux éthiques

La spécificité de la publicité dans l’espace public est de s’appuyer sur l’impossibilité pour les citoyens d’en faire abstraction. Elle ne laisse aucune marge à notre liberté de (non-)réception.

Lorsqu’une ville autorise l’installation de panneaux publicitaires, elle concède à un diffuseur le droit de capter unilatéralement l’attention de ses usagers, le droit de leur transmettre un message sans leur laisser ni le choix de le recevoir ni la possibilité d’y répondre. Les affichages dynamiques par écran LED de plus en plus nombreux en Belgique rendent cette captation de l’attention encore plus inévitable.

Cette communication imposée, à sens unique, est d’autant plus violente que les messages diffusés peuvent être frustrants ou blessants. La publicité exclut notamment les personnes qui ne se reconnaissent pas dans les modèles esthétiques, culturels ou de style de vie qu’elle véhicule. Malgré les dénonciations répétées des associations féministes et antiracistes, la publicité s’appuie encore volontiers sur des stéréotypes rétrogrades, et traduit souvent une vision du monde sexiste et ethnocentriste.